Vive les chinois - Muang Ngoi & Nong Khiaw

Muang Khoua est une sorte de Vera Cruz de La cité de la peur. Avec quand même des routes goudronnées, un joli pont suspendu en bois au dessus de la Nam Où, et un embarcadère pour le sud. C'est calme, ça klaxonne pas comme au Vietnam. Repos sur une terrasse ensoleillée de la guesthouse après une nuit qui manque de sommeil. Le lendemain matin, c'est départ en bateau pour Muang Ngoi. Mais pour ça il faut de l'argent. Solution 1: retirer des dongs au Vietnam et les changer à la frontière. Bof, et ils ont siphonné déjà beaucoup trop. Solution 2, retirer des dollars au Vietnam et payer avec. Mais aucune banque ni hôtel de Sa Pa n'a souhaité nous en échanger, pourtant c'est sûr qu'ils en ont puisque le sens inverse fonctionne. Fuck it. Solution 3, changer ses dongs restants dans la petite bijouterie du petit marché. Ça marche, au taux du marché (le gros) mais on va pas aller loin : seulement 200000 kips, soit 20€. Solution 4: retirer à un distributeur. Après arpentage de la ville, deux sur trois sont en panne. Le groupe de six français avec qui nous avons sympathisé (des millenials entre 1990 et 1998) nous indique que le troisième se trouve à plusieurs centaines de mètres d'ici, à la sortie du village. On ira après manger. Sauf qu'en fait, il est éventré par un technicien qui nous dit de revenir dans une heure. Une heure et demie plus tard, une petite affiche indique HS. Sans le sou, nous rentrons vers nos camarades qui, bons samaritains, nous prêterons 1 million (100€). Un appel WhatsApp plus tard, les voilà remboursés. Autour du repas du soir où nous bavardons entre français, nous apprendrons que, passés avant nous, ils ont retiré plusieurs millions à eux six, c'est sûrement pour cela que la machine a été mise en PLS.

Au matin, départ dans une longue barque bleue vers Muang Ngoi, 4h de navigation à moteur vers le Sud. Pause au milieu pour descendre les bagages, passer par dessus le barrage nouvellement construit par et pour les chinois et reprendre le trajet un kilomètre plus en aval. Il paraît que l'électricité leur revient directement... "I hate Chinese" nous dira Penny, une patronne d'hôtel que l'on rencontrera plus tard. Pourtant ils sont quand même sympa: un panneau prévient gentiment en mandarin, anglais et lao que les riverains doivent être prêts à procéder à une évacuation. À part ça, c'est un peu long mais joli, comme Tam Coc mais en plus majestueux.

Au débarquement, on se fait assaillir par deux ou trois propriétaires de bungalows qui tentent de nous vendre leurs services, mais on prend un peu de temps pour comparer les offres dans la rue principale du village avant d'en choisir un sobre mais avec petit balcon sur la rivière pour 5€. Pas cher, les tarifs ont baissé fortement car ça fait deux semaines qu'ils n'ont pas eu d'eau dans la rivière à cause du barrage chinois. Comme c'est la seule manière de venir, pas de touristes, donc peu d'argent. Petit repas en début d'après midi puis oisiveté/promenade sur la berge.

Au matin, direction le petit déjeuner buffet à volonté pour 30000 kip (3€), selon la technique du remplissage matinal pour durer jusqu'au soir et économiser le midi. On part en balade à 8 vers un village un peu plus reculé, on s'arrête se rafraîchir dans une petite rivière aux eaux limpides puis on explore une grande grotte pendant un bon moment. De retour sur la piste, on se perd dans des rizières à sec avant d'arriver au village, de s'y poser une heure ou deux puis de rentrer à travers champs. En chemin, on croise un couple de vieux baroudeurs, qui nous emmène jusqu'à une distillerie maison de lao-lao, alcool de riz national, puis qui nous accompagne jusqu'à nos hébergements. Soirée posée en terrasse d'un restaurant indien, où la conversation dérive inévitablement pendant une heure ou deux sur la gastronomie française, beurre doux contre beurre salé. Il faut dire aussi qu'ils sont trois à travailler dans la restauration.

Dernier jour à Muang Ngoi toujours peu actif, avec quand même une montée en fin d'après midi sur un des pics du village d'où on à accès à une longue grotte et à une très belle vue, accompagnés tout du long par un couple de chiens qui avale échelles et dénivelé sans broncher. Le soir, pad thaï et laap (plat typique laotien, qui ressemble d'aspect aux dhals mais je ne sais pas avec quoi c'est fait. C'est bon en tout cas.). Après avoir bien mangé, Penny arrive dans le restaurant/guesthouse où nous passons la soirée. Celui ci est en fait tenu par sa sœur. Après avoir papoté avec elle, elle nous tape la discute: ça fait deux jours qu'elle nous voit manger au buffet à 30k en face de chez elle, alors que certes le sien est à 35k mais qu'elle a eu l'idée en premier, que tout ce qu'elle fait est meilleure que sa concurrente et que si on vient elle nous le fait à 30k. Séduits par ces arguments de poids, nous échangeons avec elle par la suite : elle est mariée à un suédois avec qui elle tient les plus riches bungalows de la ville, elle nous fait un cours de lao, nous parle des chinois qu'elle déteste puis de ses virées en Thaïlande pour profiter de la plage (rappelons ici que le Laos n'a pas de côtes), et de comment il fait super froid en Suède. Avant le départ pour Nong Khiaw, nous irons au buffet™ qui est effectivement un cran au dessus en termes de qualité.

À Nong Khiaw après une heure de bateau, on ira dans l'après midi grimper sur un (puis deux) autre point de vue, bien escarpé mais là aussi très joli sur la ville et sa rivière qui méandre. Une fois redescendus il fera déjà nuit. Le lendemain, certains feront du kayak, d'autres comme nous partirons pour Luang Prabang sur une route d'apparence lisse et goudronnée mais qui en vérité secoue beaucoup, pendant 4h. Et c'est censé être une des meilleures du pays ! On a déjà le regret des grands bus vietnamiens...